europan 12 Fosses  LES LIMITES DE LA VILLE FORMEE PAR LA QUALITE DES TERRES CULTIVABLES
LES LIMITES DE LA VILLE FORMEE PAR LA QUALITE DES TERRES CULTIVABLES

Dans cette partie de ville située dans le creux de la vallée de l’Ysieux, la topographie et le sol marquent le territoire, définissant une série milieux se succédant des coteaux nord au plateau agricole. C’est dans cette succession que nous nous proposons de travailler en renforçant à la fois les qualités de chacun et leurs interrelations. le vieux Fosse se distingue et de la ville nouvelle qui s’est développée autour de la gare par une identité rurale forte. Cette identité est une complémentarité riche qu’il faut entretenir et développer. Le projet « la ferme musicale » propose d’appuyer l’identité du centre historique de Fosse, de structurer ses limites et ses rythmes urbains par son activité agricole (et artisanale), en complémentarité du nouveau Fosse, qui est lui tourné vers la Ville et structuré autour de la station de RER. L’extension du village est limitée afin de préserver les terres cultivables. Les nouvelles constructions sont donc implantées de manière à ne pas les consommer davantage mais plutôt à aménager les interstices (dents creuses et talus) en favorisant les transitions, passages, vues, relations entre le bourg et les champs et en conservant le caractère rural du lieu selon deux stratégies : 1 Dans le bourg existant en fond de vallée : Les nouvelles constructions viennent recoudre le tissu existant en s’insérant dans les « dents creuses ». La rue de la Mairie, reliant les centralités existantes (ancienne Mairie, église, école, cimetière) à la campagne environnante est renforcée et dynamisée par l’implantation de nouvelles activités (musée de la poterie, centre technique, ateliers artisanaux). Cette rue débouche actuellement sur un parking, entouré d’un talus. De nouvelles places de stationnement ont été trouvées dans la continuité des ilots bâti afin de dégager cet espace central et d’y implanter un nouvel espace public fédérateur, « la place du Marché » à l’orée des champs. La nouvelle ferme surplombe cette place. Implantée dans la pente du talus, elle assure le lien entre l’activité urbaine et son environnement agricole. 2 Sur les franges urbaines, le long des lignes de changement de pente. De la même manière que la ferme, de nouveaux logements sont installés dans les talus et les lignes de changements de pente, structurant les franges de la ville. Les nouvelles typologies imaginées jouent avec la topographie et permettent d’habiter les délaissés. Ces constructions forment un rempart habité entre la ville et ses espaces agricoles. Une série d’ateliers, dans le prolongement de la rue de la Mairie, sont également installés contre la pente. De petits espaces dédiés à l’administration et à l’accueil du public sont prévus à RDC, tandis que l’étage offre un cadre plus intime aux ateliers. En s’approchant de la ville, les espaces verts prennent valeur de frange naturelle. Ils se caractérisent par une plus forte présence humaine et des activités (prés-vergers, pâturages, jardins, terrains de sports) facilitant leur appropriation par les habitants et l’organisation de manifestation festive (festivals, événements en plein air).La prairie longeant le cimetière est notamment conservée dans la quasi totalité de sa surface. Sa géométrie est inchangée : elle continue à former une percée d’espace naturel dans la ville densifiée. Elle forme l’ouverture qui permet le contact avec le paysage, et est accompagnée d’un chemin piéton menant au cimetière et de jardins. Au Sud d’autres limites naturelles bordent la ville et limitent son étalement : - les coteaux boisés, dont les limites pourraient quelques peu évoluer au gré des besoins en terres cultivables mais dont la préservation sera en grande partie privilégiée pour ses atouts (thermiques, paysagers, ludiques, écologiques). - le fond de vallée humide qui sera ménagé. Le fond de vallée sera rendu accessible par la création de nouveaux cheminements s’inscrivant dans le réseau de chemins de Grande Randonnée et de petites sentes piétonnes qui traversent la ville. Ce réseau, rompu en plusieurs points à une période récente sera reconstitué, liant et marquant à la fois les limites entre les différentes séquences paysagères. « La place de chacun dans le territoire de l’autre » A l’échelle du grand territoire, de grandes séquences paysagères ont été identifiées qui assurent les transitions entre le grand paysage et ses plaines battues par les vents et le cœur intimiste du village. Le potentiel et les qualités de chacun des éléments paysagers présents sont renforcés afin de former un tout cohérent et complémentaire faisant coexister harmonieusement les activités rurales et la vie du bourg, une multiplicité d’usages. Au Nord, les terres agricoles sont réservées à l’agroforesterie et à une agriculture intensive particularisée par une forte rotation des cultures. Une biomasse serait ainsi recréée permettant aux qualités du sol de se renouveler. Associées à l’implantation de nouvelles haies à intervalles réguliers et à des labours systématiquement perpendiculaires à la pente, ces cultures retiendront les coulées de boues que subit actuellement le village installé dans la vallée. La ferme, garante de la qualité du territoire. Dans ce village agricole, la ferme doit retrouver son rôle central dans l’aménagement et l’entretien du paysage environnant, en collaboration étroite avec la Ville. Implanté dans le talus, le nouveau corps de ferme, s’ouvre à Rez-de-chaussée (au Sud) sur la nouvelle « place du Marché » dans l’axe de la rue de la Mairie, et à R+1 (côté nord) bénéficie d’un accès direct aux terres cultivées. Ce jeu avec la topographie permet de renouveler ses formes et ses usages, d’optimiser le remisage, stockage et le chargement des récoltes. Aussi, la cour arrière facilitera-t-elle la circulation de gros engins et de camions, tandis qu’un silo sera compris dans l’épaisseur du plancher situé au niveau des terres agricoles permettant de réceptionner directement les récoltes à l’étage inférieur. Une partie des espaces de stockage pourrait également être mutualisée avec la ville, permettant une diversification des usages au cours de l’année. Les nouveaux quais de chargement pourraient par exemple se transformer en scène lors d’évènements festifs tels que des concerts. Un hébergement à la ferme est également prévu que ce soit sous forme de gite ou d’accueil de travailleurs saisonniers. La ferme pourra ménager un point de vente/ accueil du public dans l’ancien corps de ferme devenu inadapté. Les bâtiments en pierre seront à cet effet réhabilités et mis en valeur, en lien avec de nouvelles constructions destinées à l’élevage et dont les liens avec les pâturages seront rétablis. Habitat : Les typologies d’habitat imaginées sont relativement denses, assumant la volonté de préserver les espaces naturels et de dynamiser le centre. 45 logements individuels et 35 logements intermédiaires sont proposés. Chaque logement dispose d’un espace extérieur de dimension maîtrisée. Les activités de type jardinage s’effectuent dans les potagers aménagés dans les franges. L’entretien de ces espaces interstitiels partagés est ainsi amené à évoluer en fonction des envies et disponibilités de chacun. De nombreux lieux de rassemblement, bricolage, jardinage sont mutualisés, tandis que l’intimité des terrasses est préservée par la structure en L des constructions, formant des patios intimes. Le musée est conçu comme une simple protection des vestiges, formant un parcours de qualité en liaison avec les autres espaces publics. Ce projet a été réalisé en collaboration avec l'architecte Matthieu Hemery.

europan 12 Fosses : La ferme musicale : cultiver la terre, rythmer et harmoniser les limites entre la ville et la campagne